12 février 2017

Le jour où j'ai repris ma vie en main

Fig 1. Y'a pire comme endroit
 Je me souviens très bien de ce moment. J'étais en vacances depuis un peu plus d'une semaine après des mois à trimer sans congé. J'avais vadrouillé en Slovaquie avec ma meilleure amie pour finalement me poser chez mon frère en Autriche encore quelques jours. J'avais peu de nouvelles de mon mec, ce qui était habituel quand on était loin de l'autre et que j'avais fini par accepter au bout de 9 ans.

J'étais donc seule avec moi même et la belle Vienne une grande partie des journées. Pour une fan de Klimt, de pâtisseries et de cucu, c'est un peu la capitale rêvée. Mon bullet journal, commencé peu de temps avant mon départ, ne quittait pas mon sac. J'y inscrivais tout pour ne rien oublier.

Les heures passées à me balader dans ces grandes avenues et ces musées immenses me laissaient pas mal de temps pour cogiter.

Fig 2. Pour bien resituer l'ambiance

A ce moment j'étais sur Paris depuis bientôt 3 ans, dont deux années à bosser au même endroit. Nous avions le projet de nous expatrier dans un pays anglo-saxon dans à peine plus d'un an. Je n'étais pas triste dans mon boulot, mais pas heureuse non plus. J'avais frôlé le burn out peu après être arrivée à cause de la pression de dingue qu'on/je me mettais. Après des discussions avec ma titulaire, l'ambiance s'était sensiblement améliorée et j'avais fini par me faire au climat de cette petite entreprise.

Il y avait un gros problème de turn over et d'équipe qui changeait tout le temps, mais je bossais sur des cas intéressants, avec un matériel de pointe, et des clients ravis de mon travail. Je gérais mon emploi du temps et mes vacances un peu comme je le voulais et je gagnais bien ma vie.

Fig 3. Ma vie c'était ça
Pourtant je quittais mon appartement tous les matins avec la boule au ventre et les larmes aux yeux. Sur la route pour me rendre là bas je comptais les heures qui me séparaient de mon retour à l'appartement. Des fois je m'imaginais avoir un accident de voiture, suffisamment sérieux pour m'empêcher de travailler 1 ou 2 mois, mais pas trop grave non plus parce que je suis loin d'être suicidaire ou autre.

Je tenais le coup en me répétant que cette situation était temporaire, que dans 1 ans, 2 mois et 23 jours mon mec aurait fini son master et que je pourrais claquer la porte sans regret. Après tout, ça faisait presque 2 ans que je tenais, le plus dur était derrière moi. Et j'allais pas tout laisser en plan, partir trouver autre chose alors que l'on comptait quitter Paris dans si peu de temps, ça n'avait pas de sens.

J'avais discuté quelques mois plus tôt avec une copine qui s'inquiétait que la seule chose qui me fasse tenir dans mon boulot, c'était sa date d'expiration. Que c'était finalement très précaire comme situation, et qu'au moindre chamboulement dans mon quotidien je risquais de friser à nouveau la crise de nerf. Je savais qu'elle avait raison, mais pour toutes les raisons évoquées précédemment, et surtout les engagements envers mes clients, je ne pensais pas avoir d'autres solutions que de rester.

Fig 4. Rêve ta vie en couleur
Alors j'avais écris ses paroles réconfortantes sur un petit papier, que j'avais précautionneusement plié en 4, 8, 16, 32, et enfoui dans un recoin de ma tête avec tous les autres conseils bienveillants que l'on me donne et que je garde pour plus tard quand je n'ai pas la force ou l'occasion de les appliquer tout de suite.

C'était donc un vendredi. Je marchais dans le muséum d'histoire naturelle de Vienne en me rappelant avec nostalgie les projets de paléontologue que j'avais étant petite. Et ça m'est apparu comme une évidence. Je ne voulais pas retourner travailler lundi. Mais pas la bête angoisse de fin de vacances. Je ne voulais plus.

Et pour la première fois, je réalisais que j'avais tout à fait les moyens de prendre cette décision.

J'ai essayé de terminer ma visite, mais je n'arrivais plus à me concentrer, j'avais mis des mois à me décider mais il fallait que je tranche maintenant tout de suite sinon j'avais peur de renoncer comme les autres fois. Je suis allée à la cafétéria me commander un thé et j'ai commencé un brouillon de liste de pours et de contres sur une serviette en papier.

Ma décision a été finalement assez rapide à prendre étant donné que les arguments en faveur de ma démission étaient deux fois plus nombreux et plus recevables que les "peur de la confrontation" "abandonner mes clients" "habitude et confort" qui remplissaient la colonne adjacente. En bas de ma liste de pour j'avais d'ailleurs noté "reprendre ma vie en main".

J'ai eu très peur de ne pas aller jusqu'au bout, alors je me suis forcée à en parler à plein de monde pour ne plus avoir à reculer. Le samedi je rentrais en France retrouver mon mec devenu complètement acariâtre en dix jours d'absence (mais je pensais encore que c'était à cause de ses révisions). Le dimanche j'envoyais mon mail de démission. J'allais aller au bout de ma décision, avec ou sans son soutien.

Fig 5. Oui j'ai compris le jeu de mot

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