16 avril 2017

"Ça va t'as l'air de bien vivre ta rupture !"

Les premières semaines j'ai voulu écrire un article sur les trucs à ne pas dire à quelqu'un qui vient de se séparer, puis finalement je suis passée à autre chose et je n'ai jamais pris le temps de poser tout ça à plat.

Je vais donc revenir sur une phrase un peu clichée (et tous ses dérivés parce que derrière cette banalité se cachent différentes attentions) que j'ai entendu à de nombreuses reprises ces 9 derniers mois (putain ça fait déjà 9 mois ?!).

"Ça va t'as l'air de bien vivre ta rupture ... moi à ta place je serai au fond du seau !"

Fig 1. Expression très figurative
Bon alors c'est compliqué de disserter sur cette première variante, qui peut être énoncée à de multiples desseins. Déjà, en post rupture, toute phrase commençant par "à ta place" avait le don de me faire lever instinctivement un sourcil dubitatif.  Non parce que toi aussi à 26 ans, tu t'es fait larguer par le mec avec qui tu vis depuis 8 ans, tu sors depuis quasiment une décennie et dont tu es tombée amoureuse à 12 ans ?

Ok j'ai pas le monopole des ruptures douloureuses, mais j'étais de base quelqu'un d'assez pudique sur mes sentiments profonds, donc difficile de se mettre à ma place et d'imaginer ce que je peux ressentir à ce moment où un tsunami vient de débouler dans mon quotidien.

J'admets que la plupart du temps, ces quelques mots sont censés être un compliment destiné à te démontrer que tu t'en sors bien et que c'est chouette. Premier problème qui se pose, qu'y répondre ? Jouer la fausse modestie, nier les difficultés, compatir avec l'autre qui visiblement a eu des ruptures plus compliquées ?

En fait ce qui est embêtant avec ce genre de phrase, c'est qu'elle n'ouvre pas le dialogue. L'autre est entrain d'essayer de te faire passer pour une femme forte, et t'as juste pas envie de le contredire en mode "ah ben c'est marrant que tu dises ça j'étais justement entrain de me dire que j'allais appeler mon ex et le menacer de tuer le chat s'il ne revenait pas!".


"Ça va t'as l'air de bien vivre ta rupture ... tu devais pas être si amoureuse que ça  !"

Fig 2. Mais bon sang mais c'est bien sûr !

S'en est suivi une discussion hallucinante où j'ai essayé de justifier mes sentiments face à une personne qui avait déjà toute sa théorie sur "comment au bout de 10 ans vous n'aviez plus que des rapports amicaux que vous preniez pour des bribes d'amour".

Je crois que cette phrase se passe de commentaire, à placer directement dans le TOP 3 des citations à oublier, ex aequo avec "de toutes façons on est toutes d'accord pour dire que tu peux trouver QUE mieux que ton ex".

Non mais honnêtement il faut avoir de sérieux problèmes psychiatriques (NDLR : et ça s'est confirmé par la suite) pour penser qu'entendre ce genre de phrases après la rupture peut avoir un côté réconfortant. Non mais en fait ça va, t'étais pas amoureuse donc t'étais pas heureuse avec lui, c'est une bonne chose d'avoir rompu.

J'imagine que quand c'est vrai c'est déjà pas facile à attendre, mais quand c'est juste à 8000 km de la vision que tu avais de ton couple, que t'as déjà l'estime d'un oeuf qu'on a laissé périmer dans le frigo parce qu'il avait la coquille un peu fendue mais qu'on osait pas jeter par peur du gâchis, et qu'on t'expliques qu'en fait t'as juste rien compris à la vie et à l'amour et que tu vivais dans un mensonge auquel heureusement ton ex a eu le cran d'y mettre un terme, ça fait juste mal.

Et ça nous permet d'enchaîner directement sur la dernière version...

"Ça va t'as l'air de bien vivre ta rupture ... au final t'as pas trop souffert tu t'es vite remise !"

Fig 3. Réponse adaptée

Bon déjà j'imagine que ça devrait faire partie des bases de psychologie qu'on a pas besoin de se taper une L1 dans un amphi bondé pour connaître, mais ce n'est pas parce que quelqu'un ne passe pas ses journées dans son lit à publier sur facebook des citations des minions sur les connards et des photos de roses fanées avec des textes à l'orthographe douteux qu'il ne souffre pas.

Ce n'est pas parce que 10 jours après une rupture tu te rends à une soirée à peu près bien habillée et maquillée et que tu arrives à sortir 2 ou 3 blagues que tu es passée à autre chose.

De toutes façons, ça veut dire quoi "bien vivre sa rupture" ? Perso j'ai essayé de faire de mon mieux, de tirer de tout ça des enseignements pour plus tard et de la force pour les mois à venir. J'ai essayé de pas me laisser abattre trop longtemps, de profiter du bonheur partout où il se trouve, de vivre au jour le jour jusqu'à ce que je commence à passer gentiment à autre chose.

Mais ce n'est pas une raison pour s'imaginer que tout ça a été facile ou que j'ai surmonté ma rupture en un claquement de doigt.

Fig 4. Illustration de qualiteyy
Après une rupture, tu repars avec un ego au ras des racines des pâquerettes. Tu as perdu la personne que tu aimais parce qu'il ne voulait plus de toi, que tu ne le comblais plus, que tu n'étais pas assez bien, que tu n'as fait tout ce qu'il fallait pour ton couple. Comme tout le monde, je suis passée par cette phase, amplifiée par le fait que mon ex était soi disant tombé amoureux de moi dès le premier regard ce premier jour de 6ème et n'avait dans le fond jamais cessé de m'apprécier depuis ce qui représentait quand même plus de la moitié de sa vie.

Et moi j'avais réussi à dégoûter de moi quelqu'un qui m'avait autant aimé, malgré mes crises d'ado, mon appareil dentaire, mes tentatives de franges plus ou moins ratées, mes changements d'avis tous les 36 du mois, mes mails de rupture à tout jamais, sa lettre que j'avais déchiré devant toute la classe de 4ème, les embrouilles passionnées et mon acné (bon j'avoue la vie m'avait pas mal épargné sur ce point).

Devoir se reconstruire après ça, même si c'est pour le mieux, c'est très dur et ça fait très mal. Rajouter à tout ça la solitude du quotidien après 8 ans de concubinage, un déménagement forcé, et une vie pro pleine d'incertitudes à ce moment précis, je pense pas pouvoir avec le recul considérer ma rupture comme facile.

Fig 5. Ca vous a manqué, avouez !
C'est sûr que je suis d'un naturel optimiste et que je supporte pas de broyer du noir trop longtemps, et je suis persuadée que ça m'a aidé à aller de l'avant. J'ai également la chance d'être très bien entourée, d'avoir pu compter sur des amis merveilleux que je ne remercierai jamais assez, d'avoir un cocon familial solide sur lequel me reposer, et de ne pas avoir hésité à solliciter les gens autours de moi quand j'avais une baisse de moral.


Mais pour en revenir à cette expression, vivre sa rupture, c'est vivre tout court. C'est pas linéaire, il y'a des hauts et des bas, il y'a des gens qui iront vite mieux mais finalement mettront plus de temps à oublier, d'autres qui prendront le temps d'aller mal pour aller au bout de tout ça avant de remonter la pente. Il y'a ce que les gens veulent montrer et ce qu'ils se disent le soir seuls dans leur lit. Il n'y a pas de recette universelle ou de baguette magique pour nous faire passer à autre chose en un clin d’œil.

Fig 6. CQFD

En fait, on peut tout à fait être maladroit face à quelqu'un qui vit un moment difficile, parler de "bien vivre sa rupture" ou pas au fond ce n'est pas l'essentiel, ce qui est primordial c'est de laisser une porte ouverte à l'autre, lui laisser la possibilité d'exprimer son mal être, et ne pas l'enfermer dans le rôle de celui qui va bien et s'en remet facilement, même si c'est l'image qu'il essaie d'envoyer.

15 avril 2017

Comment ça va ça va ça va ça va sur ma planète ?

Je suis tellement heureuse que je trouve ça presque indécent d'en faire un article. Genre le mauvais karma, les gens qui tombent sur mon blog après une rupture et se retrouvent nez à nez avec un texte qui sent la mauvaise guimauve et me maudissent pour 8,5 générations.

Fig 1. Syndrôme pré-menstruel
La preuve, c'est que ça fait plus d'un mois que j'ai écrit ces deux phrases et que je les regarde tous les 5 jours en me demandant si ça vaut vraiment le coup d'y donner suite. Mais comme je n'ai pas plus d'inspiration sur d'autres sujets, je me lance, en m'excusant d'avance pour mes arrières-arrières fillots.

Fig 2. Un jour j'arriverai à avoir une relation équilibrée 
En vrai, je passe surtout moins de temps sur mon ordi (la meuf qui a genre une vie!). En ce moment il fait vraiment beau et j'ai la chance d'avoir enfin rencontré un garçon qui aime faire du vélo, des randos, ou simplement m'accompagner glander courir dans le parc près de chez moi (et non voir ses fesses se dandiner 25 mètres devant n'est pas la seule motivation).


Je suis rentrée dans le sud pour les vacances du coup j'ai un peu de temps pour actualiser ce blog. Je ressens moins le besoin d'écrire qu'avant, à croire que la tristesse et les tourments sont une bien meilleure source d'inspiration.


J'étais heureuse avec mon ex, mais y'avait plein de trucs qui allaient pas à côté. La rupture a été radicale et douloureuse mais ça m'a vraiment permis de faire le tri dans ma vie, je me suis découvert une force dont j'avais pas idée. Je me suis mise à kiffer la spontanéité et les imprévus du quotidien, moi qui aimait tout prévoir des plombes à l'avance.

Mercredi je suis passée chez lui déposer le chaton qu'il a bien voulu gardé pendant mon absence. Passé les 20 minutes d'énervement à l'attendre sur son pallier parce qu'il s'était trompé de route (aheum y'a vraiment des trucs qui me manquent pas) j'étais finalement heureuse de discuter avec lui.

Je saurais pas qualifier notre relation aujourd'hui, nos rapports sont trop espacés pour que je puisse vraiment les analyser, mais quand je suis avec lui, je retrouve cette familiarité qui m'avait inquiétait la dernière fois. Finalement je crois que c'est plutôt sain, après avoir vécu plus de 8 ans avec quelqu'un, d'avoir une sorte de lien domestique quasi familial qui persiste.

Bon promis je reviendrai avec du plus croustillant la prochaine fois. Mais pour le moment j'aime bien garder tous ces petits morceaux de bonheur au chaud rien que pour moi (et pour mes amies que je soûle 23h/24h avec cet unique sujet de conversation ces dernières semaines).

Fig 3. Difficile à croire mais ça m'arrive d'être soporiphique

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