Comment retomber amoureux après une longue relation? Et surtout, comment savoir si on est vraiment amoureux? Si on aime autant qu'avant? Comment comparer un décennie d'amour à quelques mois/années d'une nouvelle relation ?
Fig. 1 : That is the question mon cher Watson ! |
Ça va peut être vous sembler fou, mais cette question je me la suis posée régulièrement jusqu'à récemment.
Mon ex, c'était l'évidence même si en y repensant finalement ça n'avait rien eu d'évident au début (faut croire qu'on oublie). On s'était tournés autours, aimés maladroitement, pendant tout le collège/lycée. Puis on s'était mis "définitivement" en couple en terminale jusqu'à quasiment mes 27 ans. À l'époque, cette histoire, même discontinue, représentait plus de la moitié de ma vie. À côté avec mon copain on a pas encore terminé le collège même aujourd'hui ^^
Fig. 2 : Life goal |
Une fois le flirt passé, la romance concrétisée, les premiers restos, les premières nuits... Comment on sait si on est heureux.se parce que clairement une nouvelle histoire pour peu que le mec soit sympa et disponible ben c'est grave chouette ? Ou si cette tendresse que l'on commence à éprouver pour le mec là, au bout de nos lèvres, c'est un peu plus que de l'amitié avec avantages (coucou la pire traduction de "friend with benefits" du monde!) ?
Après un début de relation tellement léger et heureux cette question je me la suis prise en pleine face un lundi matin. J'étais en pleurs dans la rue, je venais de quitter en trombe l'hôpital et mes patients après une grosse prise de tête avec ma binôme de l'époque qui avait fini par me traiter de pute (coucou la sororité) devant ma cheffe de service.
Fig. 3 : Il vous faut un dessin ? |
Franchement si vous vous souvenez de mon syndrôme de la bonne élève, le combo pleurs/"pute"/cheffe de service/abandonnage de patients, clairement c'est pas gagnant.
Et là, alors que j'étais à fond dans ma nouvelle relation, j'avais qu'une idée en tête. Appeler mon ex, appeler mon ex, appeler mon ex. On avait rompu 8 ou 9 mois avant, il me manquait plus du tout au quotidien, je pensais rarement à lui et plus du tout de façon romantique.
Mais c'était Lui quoi, celui qui me connaissait le mieux, qui savait me consoler depuis mes 13 ans, qui avait toujours été là dans les moments compliqués, pour les trucs les plus sombres que t'oses même pas confier à tes meilleures amies.
Et je savais qu'il répondrait, qu'il viendrait me retrouver dans un café avec 8 paquets de kleenex ou passerait 1 heure au téléphone, mais qu'il serait là, qu'il comprendrait direct et que je passerai pas pour la fille qui over-réagit.
Fig. 4 : Ceci explique sûrement cela |
Ça a été dur, vraiment, de ne pas l'appeler. Je crois même que comme dans un film j'ai composé frénétiquement son numéro avant de l'effacer tout aussi frénétiquement. J'ai pris une grande inspiration (et ravalé ma morve et ma dignité) et j'ai appelé mon copain.
Il a répondu, s'est montré un peu maladroit (en même temps un appel à 11h du mat de ta nouvelle copine en pleurs qui parle à 800 à l'heure alors que tu taffes depuis 5h du mat ça a de quoi surprendre) mais a surtout été très attentif et concerné. On s'est donné rendez-vous le soir même où j'ai pu tout lui réexpliquer calmement et où il a été parfait. Après ça notre relation n'a plus jamais été la même.
Ensuite dans les moments durs c'est lui que j'avais envie d'appeler. C'était plus un flirt sympa, c'était mon mec. Il s'inquiétait pour moi, voulait mon bonheur et était tout à fait enclin pour les discussions plus sérieuses ou moins faciles. Oui mais l'amour dans tout ça? L'Amour avec un grand A qu'on lit dans les livres, pas l'Amour qui mérite tout autant une majuscule mais que tu réserves à tes amis ? Il arrive quand ?
Fig. 5 : Impatience j'écris ton nom ! |
Mon mec a mis des mois à m'exprimer ses sentiments. La vérité c'est qu'on était même déjà pacsés et qu'on avait déjà pris nos billets pour notre première étape de tour du monde quand il m'a dit "je t'aime" pour la première fois. Bon après on a aussi été hyper rapides mais en gros ça a pris une petite année pour qu'il arrête de me dire des "je te meus" de compensation (non mais laissez le il était tellement mignon en vrai!).
Moi, si vous commencez à me connaître, vous vous imaginez que ça a du prendre 2 mois (et encore !). Juste après cette histoire je pense. On rentrait de chez mon couple d'amis voisins et on avait un peu (...) bu (là ils se reconnaîtront ^^), on a fait l'amour et une fois fini j'ai du baragouiner un truc du style "jesaisque çafait paslongtempstoussa etpuis jelepensepasnonplush24 mais làmaintenanttoutdesuite et ça sera peutêtreplusvalabledemain maislà maintenant, jetaime!"
Fig. 6 : Ivre d'amour |
Voilà c'est dit, je l'aime, et à ce moment précis je le ressens vraiment fort comme ça. Puis après les jours, semaines, mois suivants, je rationnalise. Oui des fois j'ai des bouffées d'amour hyper profondes pour lui. Ok, souvent c'est dans le lit, quand je suis remplie d'endorphines. Puis, est-ce que c'est pas plutôt que je "veux" l'aimer? Et d'ailleurs, est-ce que je l'aime "autant"?
Comme je le disais au début de cet article, ces questions je me les suis posées jusqu'à récemment. Avec mon copain, on n'a pas connu la passion, le coup de foudre absolu où tu rencontres la personne et où deux heures après tu sais que tu veux passer ta vie avec.
Fig. 7 : Blessure de guerre |
Par contre, et avec le recul je me demande si c'est même pas mieux, mais on a eu un gros coup de coeur humain. On s'est tout de suite hyper bien entendu, on est sur la même longueur d'onde niveau humour, discussions... Franchement j'ai adoré nos journées passées à rigoler, se découvrir et se raconter nos lifes. On avait (et on a toujours) 5 nouveaux trips (de qualité souvent très moyenne) par jour.
Je me suis parfois demandé si c'était un nouveau meilleur ami ou un nouveau copain que j'avais rencontré. Même si le soir sur l'oreiller c'était toujours le même refrain "AHHH MAIS JE L'AIME TROOOOP".
Je saurais pas vraiment dire quand ces questions ont arrêté de tourner dans ma tête. Après le tour du monde (24h sur 24 ensemble à quelques exceptions près pendant 1 an) on a atteint un niveau d'intimité que j'égalerai, je crois, jamais dans ma vie. À côté les 10 ans avec mon ex, clairement c'est de la gnognotte.
Fig. 8 : Bon moi c'était plutôt les momies d'enfants péruviens congelés qui me faisaient flipper |
J'ai jamais été aussi loin dans mon introspection et dans celle d'une relation que cette année là. C'est pas vraiment explicable, mais genre quand à un mariage on parle "uni pour le meilleur comme pour le pire" ben c'est un peu ça quand t'es au bout du monde, dans des conditions des fois extrêmes, et qu'il t'arrive une merde. Bien sûr, le "pire" étant très rare, et le meilleur quasi quotidien tellement on a eu de la chance d'aller dans ces endroits merveilleux.
Aujourd'hui on habite ensemble mais on a chacun repris le boulot. Après ces mois de voyage puis ces mois de confinement j'ai l'impression que j'ai encore un peu de mal à défusionner (mais je me soigne!).
Fig. 9 : Mode fusion depuis 2018 |
Je crois que cet article n'a pas vraiment de conclusion. Ah si, y'a quelques jours j'avais pas le moral. Il est venu m'attendre à mon arrêt de bus, on s'est baladés à Montmartre près de chez nous comme deux touristes. Il m'a invité à manger mon plat préféré (shirashi saumon avocat, tmtc).
En rentrant à l'appart on a fait notre nouveau trip nul de ces derniers jours, à savoir faire le moins de bruit possible en montant les escaliers pour ne pas que notre voisine nous entende. En exagérant au maximum nos pas et nos chuchottements. Et alors que j'étoufais un fou rire pour ne pas "perdre", j'ai regardé ses petites fesses mignonnes qui montaient les marches devant moi et je me suis dit "mais comment j'ai pu me demander si je l'aimais ?!?". C'était juste si évident.
Fig. 10 : Moi aussi je te meus |